Le paysagisme est un art, pas un devis.

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À ceux qui veulent un jardin en kit, on devrait refuser le jardin tout court.

Qu’ils dégagent. Qu’ils aillent acheter leurs graviers en promo chez BricoDésert. Le paysagisme, le vrai, ne se chiffre pas au mètre carré ni à la palette de bordures. C’est un regard. Un mouvement d’âme. Une capacité rare à projeter une harmonie là où il n’y avait que chaos ou banalité. Et pourtant, combien sont encore là à réclamer "juste une petite haie", "un carré de pelouse", "un truc pas cher mais sympa". Comme si l’on commandait une œuvre d’art en trois clics. Spoiler : on ne "commande" pas un paysage, on le rêve, on l'écoute, on le laisse advenir.

Arborexia n’est pas là pour planter des marguerites.

Ce nom. Arborexia. Ça claque, ça dérange presque. Ça dit tout. Un nom de combat, de rage verte, de révolte contre les ronds‑points fleuris et les alignements de cyprès au cordeau. Ce qu’ils font, ce n’est pas de l’entretien. Ce n’est pas du jardinage. C’est une écriture végétale, faite d’arborescences, de volumes, de saisons. C’est un refus de la laideur. Et franchement, la laideur végétale prolifère : c’est le lot des lotissements, des squares tièdes, des jardins bétonnés jusqu’à la racine.

Arborexia vient pour dire non. Non à l’herbe synthétique, aux dalles anthracite, à l’olivier agonisant dans son pot de plastique. Non à l’aseptisé. Ce qu’ils proposent, c’est du vivant qui vibre.

Le vrai luxe, c’est un arbre qui a le temps.

Il y a cette idée folle – et belle – qu’un jardin doit se construire lentement. Que les choses doivent se patiner, s’enchevêtrer, s’échapper. Le paysagiste, quand il est bon, pense à dans dix ans. Pas à dans deux mois pour le cocktail des voisins. Il compose avec l’ombre, le vent, la fuite de la lumière entre deux feuillages. Ce n’est pas un prestataire, c’est un devin.

Et dans ce monde pressé, cette lenteur devient un luxe subversif. Ce que fait Arborexia, c’est de remettre du temps long dans nos vies courtes. Et c’est bouleversant.

Une révolution invisible

Le paysagisme est un métier à contre‑courant. Il est invisible. Trop modeste. Et pourtant, rien ne transforme plus un lieu que son écriture végétale. Pas les murs, pas la déco, pas la voiture électrique garée devant. Non. Ce qui change une maison, un quartier, un monde, c’est la manière dont la vie pousse autour.

Et ça, peu savent le faire. Peu savent orchestrer la beauté sans la domestiquer, laisser place au sauvage sans tomber dans le fouillis. Arborexia fait ça. Et ils le font sans s’excuser d’avoir du goût, de la radicalité, du panache.

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C’est un métier d’ascète. Un métier de silence. Là-haut, il n’y a plus de chef de chantier, plus de clients stressés, plus de voisins qui regardent. Il n’y a que l’arbre et lui. L’élagueur. Suspendu dans la lumière filtrée, entre ciel et sève, dans une sorte de parenthèse flottante où le geste compte plus que le mot.

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