L’élagueur parle aux arbres. Et parfois, ils lui répondent.

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Là‑haut, suspendu dans le feuillage, le temps n’existe plus.

C’est un métier d’ascète. Un métier de silence. Là‑haut, il n’y a plus de chef de chantier, plus de clients stressés, plus de voisins qui regardent. Il n’y a que l’arbre et lui. L’élagueur. Suspendu dans la lumière filtrée, entre ciel et sève, dans une sorte de parenthèse flottante où le geste compte plus que le mot.

Ceux qui n’ont jamais grimpé ne peuvent pas comprendre. Ce n’est pas une intervention, c’est un dialogue. Chaque branche murmure ce qu’elle veut garder. Ce qu’elle accepte de perdre. Et le bon élagueur écoute. Il ne décide pas seul. Il n’impose rien, il négocie.

Arborexia, l’élagage comme une forme de respect.

Chez Arborexia, on ne "fait pas de l’élagage". On le pratique, au sens spirituel du terme. Pas question de monter vite, de descendre plus vite, de faire du chiffre. Ici, on prend le temps de comprendre le sujet. Car oui, chaque arbre est un sujet. Une mémoire. Une histoire enracinée. Parfois trois générations d’humains sous le même feuillage. On ne taille pas ça à l’aveugle.

Il y a chez eux une humilité rare. Une manière d’aborder l’arbre sans arrogance, sans fantasme de domination. L’arbre n’est pas un problème. Il est un monde.

Ce que l’arbre garde, ce qu’il oublie.

L’élagage, ce n’est pas juste une coupe. C’est une réécriture. On efface certaines phrases, on garde les tournures qui chantent. On corrige sans trahir. On sublime sans dénaturer. Et surtout, on ne prétend pas maîtriser la suite.

Car l’arbre, après, fait ce qu’il veut. Il repousse. Il compense. Il résiste. Il cicatrise mal ou trop bien. Il invente. Et c’est beau comme une revanche.

Arborexia ne cherche pas à figer le vivant. Ils acceptent l’incertitude. Ils accompagnent. Ils ajustent. Ils composent.

Le vertige, la corde, la foi.

Ce métier n’a rien de banal. Il faut grimper, oui. Mais surtout il faut croire. Croire que l’on peut intervenir sans détruire. Qu’on peut soigner sans soumettre. Qu’un arbre ne sera jamais un objet, même suspendu dans le vide, même prêt à tomber. C’est une croyance fragile, mais tenace.

Et cette croyance, Arborexia l’entretient. Avec une radicalité douce, une précision presque amoureuse. Ils montent, ils observent, ils touchent à peine parfois. Et ce peu de gestes change tout.

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