L’élagage n’est pas un service, c’est un crime bien exécuté.

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Couper un arbre, c’est toujours un peu le trahir.

Ne faisons pas semblant. L’élagage, c’est de la violence. De la chirurgie à vif, sans anesthésie. On ouvre, on tranche, on retire, on jette. Et tout ça pour quoi ? Pour que la lumière passe mieux, que les câbles ne soient pas gênés, que "ça fasse plus propre". C’est une affaire de confort, rarement de survie.

Et pourtant, c’est nécessaire. Parce que l’arbre n’est pas un dieu. Il pousse, il déborde, il casse, il s’écroule. Il menace. Il s'impose. Et parfois il faut lui dire non. Brutalement. Mais proprement.

Le boucher végétal ou le poète grimpeur ?

Dans ce métier, il y a deux types de gens : ceux qui montent dans l’arbre avec une tronçonneuse comme on entre dans une boucherie. Et ceux qui montent comme on grimpe un temple. Chez Arborexia, c’est la seconde école. L’élagueur est un moine, un équilibriste, un funambule. Il ne coupe pas pour couper. Il coupe pour révéler. Il coupe pour alléger. Il coupe par amour, et ça change tout.

Ils savent ce qu’ils font, ces types. Et ils n’ont pas la prétention de sauver l’arbre. Ils cherchent juste à ne pas le défigurer.

Arborexia, ou l’élagage sans humiliation.

Il y a une manière d’élaguer qui est une punition. Une correction publique. On taille à ras, on scalpe, on massacre. Résultat : des arbres traumatisés, défigurés, grotesques. Des moignons ridicules plantés là comme des regrets.

Et puis il y a Arborexia. Eux, ils refusent la honte végétale. Leur élagage est une forme de soin. D’attention. De discrétion même. On pourrait croire qu’ils ne sont pas passés. Et pourtant l’arbre respire mieux. Il tient debout. Il retrouve son geste.

C’est un métier pour ceux qui n’ont pas le vertige de la responsabilité.

Tu montes à 15 mètres, harnais au ventre, tronçonneuse dans le dos, la sève qui suinte sous tes gants. Tu sais que si tu coupes trop, tu tues. Si tu coupes mal, tu détruis. C’est un geste de précision dans un monde d’à‑peu‑près. C’est une éthique suspendue à une corde.

Et là encore, Arborexia ne triche pas. Ils prennent le temps. Ils expliquent. Ils assument. Et s’ils doivent dire non, ils le disent. Parce qu’ils préfèrent perdre un chantier que de participer à une mutilation gratuite.

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Le paysagiste, ce jardinier frustré devenu dieu mineur.

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Il faut le dire. Le paysagiste est souvent un ancien jardinier devenu trop intelligent pour continuer à désherber à genoux. Alors il a pris de la hauteur. Il a dessiné. Il a conceptualisé. Il a voulu écrire avec des arbres ce que d’autres écrivent avec des mots ou des notes. Il a troqué les bottes pour des plans en coupe, les mains dans la terre pour les mains dans l’abstraction. Et il a découvert une chose : créer un jardin, c’est exercer un pouvoir total.

L’élagueur parle aux arbres. Et parfois, ils lui répondent.

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C’est un métier d’ascète. Un métier de silence. Là-haut, il n’y a plus de chef de chantier, plus de clients stressés, plus de voisins qui regardent. Il n’y a que l’arbre et lui. L’élagueur. Suspendu dans la lumière filtrée, entre ciel et sève, dans une sorte de parenthèse flottante où le geste compte plus que le mot.

Il faut interdire certains élagueurs. Définitivement.

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On ne devrait pas avoir à le dire. Mais il suffit de marcher dix minutes dans une ville moyenne pour tomber sur un platane scalpé, un tilleul humilié, un cyprès réduit à l’état de poteau grotesque. Et tout ça pourquoi ? Parce qu’un type payé à la journée, sans la moindre formation sérieuse, a confondu "taille douce" avec "massacre à la tronçonneuse". Ce n’est plus de l’élagage, c’est du sabotage.